Les sept lettres du Saint Coran
Le saint Coran a été révélé au prophète Muhammad (SAWS) en langue arabe pour qu’il soit intelligible par la population principale pour qui il a été adressé.
{ Et c’est ainsi que Nous t’avons révélé un Coran arabe, afin que tu avertisses la Mère des cités (la Mecque) et ses alentours et que tu avertisses du Jour du rassemblement, - sur lequel il n’y a pas de doute - Un groupe au Paradis et un groupe dans la fournaise ardente. (7) }
Sourate Ach-Chourâ - Verset 7
Cependant, le vocabulaire de langue arabe dialectale de l’époque différait d’une région à une autre, et ainsi certains mots étaient communément utilisés par Quraych à titre d’exemple mais qui n’était pas compréhensibles par les membres d’une autre tribu un peu lointaine et vice versa.
C’est pour cette raison que le Coran a été révélé en 7 lettres.
Qu’est ce que les sept lettres ?
Les 7 lettres est un sujet sur lequel les oulémas ont divergé au point de ne pas trouver un consensus, on recense jusqu’à 40 avis différents sur l’interprétation de leur sens exact. Néanmoins il existe deux avis qui sont partagé par la majorité d’eux.
Mais d’abord de quoi parle t-on ? On trouve plusieurs Hadîth Sahîh rapportés par AL-Bukhâri, Muslim, At-Thirmidî, Al-Hâkim, et bien d’autres qui relatent le fait que le Coran a été révélé en 7 dialectes à la demande du prophète Muhammad (SAWS) pour simplifier sa compréhension par les gens.
D'après 'Abd-Allah Ibn 'Abbas : Le Messager d'Allah (ﷺ) a dit: "Jibrîl (PSL) m'a lu le Coran d'une manière (c'est-à-dire en dialecte) et j'ai continué à lui demander de le lire de différentes manières jusqu'à ce qu'il le lise de sept manières différentes."
Rapporté par Al-Bukhârî (4991) et Muslim (819)
Ubayy Ibn Ka'b a rapporté : "Le Messager d'Allah (ﷺ) a rencontré Jibrîl et a dit:" O Jibrîl! J'ai été envoyé à une nation analphabète parmi laquelle se trouvent la femme âgée, le vieil homme, le garçon et la fille, et l'homme qui ne peut pas lire un livre du tout. Il a dit : 'O Muhammad ! En effet, le Coran a été révélé en sept modes.'"
Rapporté par At-Thirmidî (2944)
Ubayy Ibn Ka'b a rapporté : J'étais dans la mosquée lorsqu'un homme est entré et a prié et récité (le Coran) dans un style auquel je me suis opposé. Puis un autre homme entra (dans la mosquée) et récita dans un style différent de celui de son compagnon. Lorsque nous eûmes terminé la prière, nous allâmes tous vers le Messager d'Allah (ﷺ) et lui dirent : Cet homme a récité dans un style auquel je me suis opposé, et l'autre est entré et a récité dans un style différent de celui de son compagnon. Le Messager d'Allah (ﷺ) leur a demandé de réciter et ainsi ils ont récité, et le Messager d'Allah (ﷺ) a exprimé son approbation de leurs affaires (leurs modes de récitation). et il s'est produit dans mon esprit une sorte de reniement qui ne s'est pas produit même pendant les Jours de l'Ignorance. Lorsque le Messager d'Allah (ﷺ) a vu à quel point j'étais affecté (par une mauvaise idée), il m'a frappé la poitrine, sur quoi j'ai commencé à transpirer et j'ai eu l'impression de regarder Allah avec peur. Il (le Saint Prophète) m'a dit : Ubayy. un message m'a été envoyé pour réciter le Coran dans un dialecte, et j'ai répondu : Rendez (les choses) faciles pour mon peuple. Il m'a été transmis pour la deuxième fois qu'il devait être récité en deux dialectes. Je lui ai encore répondu : Rendez les affaires faciles à mon peuple. Il m'a de nouveau été transmis pour la troisième fois de réciter en sept dialectes Et (on m'a en outre dit) : Vous avez une recherche pour chaque réponse que Je vous ai envoyée, que vous devriez rechercher auprès de Moi. J'ai dit : Ô Allah ! pardonne à mon peuple, pardonne à mon peuple, et j'ai reporté le troisième pour le jour où toute la création se tournera vers moi, y compris Ibrahim (la paix soit sur lui) (pour l'intercession).
Rapporté par Muslim (820)
Abou-Dawoud a rapporté le même Hadîth avec légère différence :
[…] Le Prophète (ﷺ) a dit : “Ubayy, on m'a demandé de réciter le Coran et on m'a demandé : 'En un mode ou en deux modes ?' L'ange qui m'accompagnait dit : " Dis, en deux modes ", je dis : " En deux modes ", on me demanda encore : " En deux ou trois modes ". L'affaire atteignit jusqu'à sept modes. Il dit alors : " Chaque mode est sain et complet, que vous prononciez "tout-entendant et omniscient" ou plutôt "tout-puissant et tout-sage" ou "tout-sage et tout-puissant” Allah est ainsi. Sauf si vous terminiez le verset indiquant la punition par la miséricorde ou terminiez le verset indiquant la miséricorde par la punition."
Rapporté par Abou-Dawoud (1477) Validé par Al-Albânî
Les dialectes arabes
Dans la péninsule arabique plusieurs grandes tribus cohabitaient, Quraych étant l’une d’elle.
Ces tribus arabes étant des nomades à l’origine avant de se sédentariser, ils puisent leurs origines des fois de pays lointains comme le Yemen ou la Perce. Cela a influé sur leur langue arabe et leur dialectes utilisés.
Il y avait un socle commun de langue arabe, mais certains mots (ou leur usage) pouvait différer d’une région à une autre, et d’une tribu à une autre.
La majorité des linguistiques ont recensé 7 tribus/régions avec des divergences linguistiques notable : Quraych, Hadhîl, Thaqîf, Hawazin, Kinana, Tamîm et le Yemen.
Ces tribus couvraient géographiquement toutes la péninsule arabique.
La Divergence d’interprétation
Comme dit précédemment, et dans l’absence d’une explication prophétique explicite, ce sujet a été un vaste terrain d’interprétation par les Oulémas à travers les âges.
Certains ont relaté jusqu’à 40 avis différents tous plausibles et se bases majoritairement sur des récits prophétiques ou sur des interprétations linguistiques.
Chaque avis trouve un ou plusieurs récits qui le réconfortent, et d’autres récits véridiques le contredisent.
Cependant les oulémas penchent majoritairement vers 2 avis qui sont sensiblement proches :
Avis 1 : 7 versions du Coran en 7 dialectes
Le premier avis va dans le sens de dire que le Coran a été révélé en 7 dialectes arabes différents. Le but étant de simplifier sa compréhension et son adoption par chaque habitant de la péninsule arabique.
Comme on a vu dans les récits prophétiques cités plus haut, cela a été à la demande du prophète Muhammad (SAWS) par clémence envers sa Ummah.
La différence dialectale ne touche que l’usage de certains mots sans changer le sens des versets, ni la jurisprudence.
Comme dire tout “puissant et tout sage” à la place “tout-entendant et omniscient” par exemple. Le fait d’interchanger ces mots ne change pas le sens du verset. (cf Hadîth plus haut).
Le Hadith de Umar Ibn Al-Khattâb va aussi dans ce sens :
J'ai entendu Hichâm bin Hakîm Ibn Hizâm réciter Sourate Al-Furqân d'une manière différente de la mienne. Le Messager d'Allah (ﷺ) me l'avait enseigné (d'une manière différente). Alors, j'étais sur le point de me quereller avec lui (pendant la prière) mais j'ai attendu qu'il ait fini, puis j'ai attaché son vêtement autour de son cou et je l'ai saisi par celui-ci et l'ai amené au Messager d'Allah (ﷺ) et j'ai dit: "J'ai entendu lui récitant laSourate Al-Furqân d'une manière différente de la façon dont vous me l'avez enseignée." Le Prophète (ﷺ) m'a ordonné de le relâcher et a demandé à Hicham de le réciter. Quand il l'a récité, Le prophète (SAWS) a dit: "Il a été révélé de cette manière." Il m'a ensuite demandé de le réciter. Quand je l'ai récité, il a dit: "Il a été révélé de cette manière. Le Coran a été révélé de sept manières différentes, alors récitez le de la manière qui vous est la plus facile."
Rapporté par Al-Bukhâri (2419) et Muslim (818)
Avis 2 : une version du Coran composée de 7 dialectes
Un autre groupe d’Oulémas va dans le sens de dire qu’il y a une seule version du Coran qui contient des mots de 7 dialectes différents. Et que cela fait partie du miracle linguistique du Coran lui même.
En effet, puisque le Coran a été révélé à notre prophète Quraychite et analphabète (SAWS), le fait qu’il contient d’autres mots ou tournure de phrases non commune dans le dialecte de Quraych, montre bien qu’il ne peut l’inventer (SAWS). Et cela le réconforte en tant que Messager d’Allah exalté soit-il.
Al-Bayhaqî rapporte dans son livre Chu’ab Al-Imâne (1682) que Ibn Abbas (qu’Allah l’agréé) a dit:
“Je ne connaissais pas le sens du verset [Fâtir] des cieux et des terres, jusqu’à un jour, deux campagnards vinrent me voir à propos d’un puit, l’un disait à l’autre, c’est moi qui l’est créé [Fatartuhâ]. J’ai enfin compris le sens de [Fâtir] des cieux et des terres, le créateur des cieux et terres.”
Ce athar d’Ibn Abbas, connu pour sa connaissance profonde du Coran, lui le spécialiste de l’exégèse coranique, qui est Quraychite (oncle du prophète SAWS), ne comprenait pas certains mots du Coran.
Cela prouve, de certaine manière, que le Coran n’est pas descendu explicitement dans le dialecte de Quraych, et qu’il y n’avait pas 7 versions du Coran. Il montre plutôt que les 7 dialectes sont représentées dans la même version. Avec la possibilité d’avoir des mots interchangeables qui viennent des 7 dialectes, sans pour autant altérer le sens des versets.
Le regroupement du Coran
A l’époque du 3ème Calife bien guidé ‘Uthmân Ibn ‘Affân, l’état musulman a atteint par la grâce d’Allah jusqu’à l’Arménie et l’Azerbaïdjan par le nord. Le territoire s’étend et le besoin de consolider la foi des habitants de ces territoires devient une obligation.
Les lecteurs du Coran se sont donc dispersés dans tous les pays ouverts (conquis) pour apprendre aux gens le livre d’Allah exalté soit-il. Cependant un problème à vu le jour.
En effet, les 7 lettres du Coran ont engendré des conflits entre les élèves des différentes écoles coraniques au point de s’apostasier les uns les autres car chacun réfutait la version du Coran de l’autre. Ils s’accusaient mutuellement de falsifier les paroles d’Allah exalté soit-il.
A ce moment là, Hudhayfa Ibn Al-Yammân, alors chef de l’armée prévint le calife de la gravité de la situation.
‘Uthmân qu’Allah l’agréé prit une décision historique. Il a ordonné la réécriture et l’unification des versions du Coran dans une seule version en partant de la version regroupé à l’époque d’Abou-Bakr Es-Saddiq (qua’Allah l’agréé).
Puis il a envoyé à chaque pays une version unique écrite, et a ordonné de brûler toute autre(s) version(s) non conforme à cette dernière.
C’est grâce à cette action que nous pouvons nous targuer que nous avons une seule version du Coran dans le monde (aux contraire des autres livres sacrés).
Mais cela a été reproché à ‘Uthman (qu'Allah l’agréé) de son vivant et a été une des raisons de l’émancipation des grandes séditions (Fitan Al-Kubrâ). Une période qui a connu des guerres entre les compagnons qu’Allah les agréés et l’assassinat du 3ème et le 4ème califes bien guidés ‘Uthmân et ‘Ali.
💾 Ce qu’il faut retenir
Au vu des arguments de chaque avis, les oulémas n’ont pas pu trouver un consensus concernant l’interprétation des 7 lettres du Coran. Cela ne devrait pas injecter du doute dans nos cœur à propos de la véracité du livre dont nous disposons. Car :
D’abord (comme vu précédemment) la différence concernaient des mots qui n’altère pas le sens de la parole d’Allah exalté soit-il.
Et de surcroît, Allah exalté soit-il se porte garant pour la protection et la sacralisation de sa parole. Les actes d’Abou-Bakr et ‘Uthman dans le regroupement du Coran n’est que bien guidance d’Allah pour parfaire cette protection du livre. Allah a dit :
{ Nous ne faisons descendre les Anges qu’avec la vérité; et alors, il ne leur sera pas accordé de répit [à ces impies]. (8) En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le Coran, et c’est Nous qui en sommes gardien(3). (9) }
Sourate Al-Hijr - Versets 8-9